Bak-hee, quand la loi encadre les jeux

/
1
min. de lecture
Publié le
13 Dec 2025
Sommaire

Fiche d’identité

Titre :
Goryeosa (高麗史) — Traités/Monographies (志), vol. 85 (卷八十五), Droit pénal 2 (刑法二)

Date :
Compilation achevée en 1451 (début Joseon)

Auteurs :
Compilation officielle dirigée notamment par Jeong In-ji (鄭麟趾)

Langue originale :
Chinois classique (hanmun / hanja)

Nature du texte :
Article pénal (interdiction + peine + extension de responsabilité + exception)

Section concernée :
Goryeosa (고려사), livre 85 (권85),
禁令 (Interdictions) — passage « 博戱 賭錢物… » (jeux avec mises d’argent et de bien)

Extrait choisi

Texte original (hanja)

以博戱, 賭錢物者, 各杖一百. 其停止主人, 及出九和合令戱者, 亦杖一百. 賭飮食弓射習武藝者, 雖賭錢物, 無罪.

Traduction française (ton juridique, proche archive)

« Quiconque, à l’occasion de jeux/compétitions, mise de l’argent ou des biens (bak-hee), sera puni, chacun, de cent coups de bâton.
Les personnes fournissant le lieu, ainsi que celles qui rassemblent des gens et organisent ces jeux, seront également punies de cent coups de bâton.
En revanche, lorsqu’il s’agit de mises portant sur la boisson et la nourriture, sur le tir à l’arc, ou sur la pratique des arts martiaux (seup-muye), quand bien même il y aurait mise d’argent ou de biens, il n’y a pas faute. »

Contexte

Ce passage apparaît au sein d’une suite de clauses pénales (incendies, destructions de documents, puis cette interdiction, puis d’autres prohibitions).
Cela explique la forme très “formel” : une règle, une peine, une extension de responsabilité (hôtes et organisateurs), puis une exception.

Commentaires

Bak-hee (박희, 博戱 / RR : bakhui) est un terme large : il renvoie à des jeux avec mises d'argent ou de biens, possiblement incluant les jeux à caractère combatif, sans préciser la nature exacte des dits "jeux".
La situation visée est celle d’un jeu avec mises : rassemblement, hôte, organisateurs, et logique de pari. La sanction ne vise pas seulement les participants, mais aussi les personnes qui hébergent et organisent l’activité, ce qui indique une pratique suffisamment structurée et populaire pour être encadrée.

L’exception est essentielle : seup-muye (習武藝 / 습무예, RR seupmuye) signifie « pratiquer / exercer les arts martiaux ». Le texte place, dans la même catégorie d’exception, le tir à l’arc (activité hautement valorisée) et la pratique martiale (activité jugée utile et disciplinaire).
L’idée n’est pas que “tout pari est autorisé”, mais que ces situations ne relèvent pas de l’infraction visée ici, centrée sur les jeux de type jeux de toute sorte associés à des mises d’argent ou de biens.

En résumé, la loi semble distinguer :

  • jeux organisés avec mises (problème d’ordre public) ;
  • pratiques d’entraînement ou d’exercice valorisées (arc, arts martiaux), qui ne sont pas classées dans la même catégorie.

Limites & débats

Ambiguïté du terme bak-hee : dans cette clause pénale, le Goryeosa emploie bak-hee (博戱), un terme générique et très large renvoyant au champ des jeux, voire des compétitions, sans décrire de jeux précis. Il ne permet donc pas, à lui seul, d’identifier le Subak, le Taekkyon, ni toute autre forme déterminée de combat.

Confusion possible avec Subak-hee : Subak-hee s’écrit 手搏戲, avec le caractère bak / 搏 qui siginifie "frapper", tandis que le passage étudié utilise le caractère 博 qui signifie "miser de l'argent' (ce prononçant de la même manière, un seul trait de différence) . Certains auteurs secondaires paraphrasent ou réécrivent parfois bak-hee en 搏戲, ce qui facilite des rapprochements avec le Subak ; toutefois, pour cette interdiction précise, le mot transmis dans le Goryeosa est bien 博戱, et le texte ne mentionne pas explicitement le Subak-hee.

Texte normatif : il s’agit d’une norme juridique (ce que l’État cherche à encadrer), et non d’une description ethnographique détaillée des pratiques.

Pourquoi cette source est néanmoins importante pour le Taekkyon ?

Elle atteste l’existence de jeux/compétitions associés à des mises, suffisamment répandus pour être explicitement sanctionnés.
Elle montre aussi que le “martial” n’est pas traité comme un bloc : le texte distingue les jeux avec enjeux (posant un problème d’ordre public) des pratiques de combat d’entraînement/test de test de compétences et du tir à l’arc (activités valorisées).

Conclusion

Cette notice n’établit pas de lien direct avec le Taekkyon. En revanche, elle éclaire un point important pour l’histoire des pratiques martiales : l’existence possible de compétitions avec enjeux, encadrés par le droit, et la reconnaissance d’un espace distinct pour la pratique et l’entraînement martial.

Que retenir de cette ressource ?

Que sanctionne exactement l’interdiction ?

Pourquoi existe-t-il une exception pour l’arc et l’entraînement martial (seup-muye) ?

Peut-on relier directement cette loi au Subak-hee ?

Rester informé